De toutes les injustices, avons-nous oublié la plus importante ?

Aujourd’hui, chaque minorité agite son drapeau aux yeux de tous dans l’espoir que les injustices à leur égard seront enfin choses du passé. À tort ou à raison, il semble parfois que le seul intérêt de notre société soit devenu de sauver la veuve et l’orphelin, même si cela implique de réduire la cohésion globale de notre société, ainsi que son efficacité à progresser. Mais puisque nous nous attardons sur les injustices, pourquoi n’entendons-nous pas parler de la plus importante : celle de l’inégalité de la naissance.

Comment les sociétés occidentales sont-elles entrées dans l’ère des minorités ?

Les sociétés occidentales sont désormais en mode « secours » de toutes les minorités. Les nouvelles générations ont retenu les leçons du passé, alors qu’on leur murmurait à l’oreille que le futur était plus qu’incertain sur une planète en manque de souffle. Ils ont aussi bénéficié d’une liberté supérieure, offerte par des parents qui exigeaient haut et fort leur droit à la liberté individuelle. Il n’est donc pas surprenant que nous nous trouvions désormais à la croisée des chemins, du moins dans notre partie du monde et que face à nous, le reste monte des barricades avant (peut-être) qu’une véritable crise mondiale ne s’installe et ne dégénère.

Mais ce ne sont pas tous les enfants de France et d’Occident qui bénéficient des mêmes privilèges. En effet, en 2023, la première injustice n’a non seulement pas été réglée, mais elle n’est même pas discutée : celle de la naissance. Comment peut-on accepter que des enfants aient moins de chances (voire aucune) de participer pleinement à la société, alors qu’elles sont nées dans des familles pauvres, déficientes ou même pire, à l’intérieur desquelles ils subissent de multiples sévices. Comment les gouvernements, tels que celui de France, peuvent-ils s’attaquer à des sujets tels que le droit de choisir son genre dans des classes d’enfants n’ayant pas encore l’âge de comprendre ce en quoi cela consiste, alors que le droit à l’égalité de naissance n’est lui jamais mentionné. La réponse est évidente : les classes dirigeantes ne veulent surtout pas que quoi que ce soit ne change à cet égard.

Une manipulation de l’élite

Il est difficile de comprendre comment la société a pris un virage aussi radical au cours des dernières années. Il est cependant certain que la courbe s’est accélérée après la pandémie. Désormais, tous les compteurs sont à la réduction : des violences, du sexisme, des féminicides, et même de la consommation. Ce qui n’est certes pas une mauvaise idée dans tous les cas. Pour ce qui est de la dernière catégorie, les gouvernements ayant détruit la chaîne de production, ce n’est pas comme si on avait le choix, puisque les ménages subissent une inflation hors-contrôle qui les oblige à moins consommer.

Mais si l’on s’occupe de toutes les injustices du monde, pourquoi ne parle-t-on pas de celle subite à la naissance par ces enfants qui n’auront jamais les mêmes chances d’avancer dans la vie que les autres ? Croire que l’éducation nationale permet d’égaliser les opportunités à tous les enfants est illusoire. Surtout que l’on ne parvient pas à recruter suffisamment de professeurs, ce qui déjà peut nous permettre de remettre en cause la qualité de ceux qui entrent dans l’urgence. Aujourd’hui, on ne parle malheureusement pas de la baisse de la qualité de l’éducation dans le milieu scolaire, mais plutôt de phénomènes culturels. La solution à l’injustice chez les enfants ne se trouve donc pas à ce niveau, du moins pas pour le moment.

Des inégalités insurmontables

Comment un enfant malnutri peut-il trouver l’énergie nécessaire pour passer à travers ses journées tout en apprenant comme les autres ? Est-il possible qu’un enfant qui grandit dans un environnement insalubre et dans un milieu où les adultes sont sans espoir, puisse réussir à croître et à développer toutes les facultés qui sont en lui ? Un enfant abusé, violenté, à qui l’on ne démontre aucune tendresse durant ses premières années, vivant dans la peur du lendemain, peut-il bénéficier d’une chance de vie future égale à celle de ceux qui ont des parents riches, aimants et qui étudient dans des écoles privées de haut niveau ? La réponse est évidente.

Alors, pourquoi la société ne tente-t-elle pas de régler ce problème ? Parce que l’élite veut conserver ses privilèges et sa qualité de vie et que pour ce faire elle a besoin d’une main d’œuvre qui lui permettra de profiter à plein de leur capacité à s’amuser et à consommer. Sinon, comment accepterait-on que tous puissent faire des enfants ? Il existe des règles pour pratiquement tout ce que l’on désire faire dans la vie (obtenir un diplôme pour pratiquer un emploi, un permis de conduire pour prendre le volant, etc.), mais pas pour devenir parents, alors que cela met en jeu la vie de ceux qui vont naître.

Lorsque l’on y pense, ne serait-ce que pour quelques secondes, on ne peut qu’être estomaqué par cette situation invraisemblable. Mais tant que les classes sociales moins aisées auront le droit de faire des enfants comme bon leur semble, ils penseront qu’ils possèdent au moins un privilège. Mais celui-ci n’est pas le leur en vérité : il appartient aux classes dirigeantes qui s’offrent ainsi des travailleurs pour leur permettre de continuer à accumuler des richesses et à vraiment profiter de leur vie.

Quelle(s) solution(s) ?

Pour régler l’injustice de la naissance, la société devra révolutionner sa manière de considérer les enfants. En effet, seule l’idée que les enfants appartiennent en partie à la société, et non seulement à leur famille, pourra un jour permettre aux plus démunis de naissance d’obtenir des chances similaires aux autres. Pour y arriver, on pourrait, par exemple, s’inspirer du passé et des Spartes.

En effet, dans la culture ancienne spartiate, les garçons étaient éduqués en groupe, loin de leurs parents, et ce, pendant plusieurs années. Cette pratique était connue sous le nom d'"agogè" et était destinée à produire des citoyens forts et disciplinés pour l'état spartiate. Ils étaient séparés de leurs mères à l'âge de 7 ans et placés dans des "agelai", des groupes dirigés par un "paidonomos", aussi considéré comme un surveillant. Les enfants y recevaient une éducation frugale, apprenaient à se battre, à chasser et à survivre dans des conditions difficiles. Ce qui, à l’époque, représentait les prérequis pour vivre, voire survivre.

Cette forme d'éducation très stricte et rigoureuse pour les enfants spartiates était considérée comme essentielle pour former des citoyens forts et résilients et pour soutenir la survie de la cité-état. Aujourd’hui, alors que nous sommes parvenus à une société globalement plus égalitaire, il serait possible de s’inspirer de cette méthode, afin que filles et garçons puissent bénéficier de la même attention, permettant à chacun de développer leurs forces au sein d’un groupe où tous seraient traités de la même manière, peu importe leur provenance.

Bien que différente de l'éducation de nombreux autres peuples de l'Antiquité, la méthode spartiate a prouvé son efficacité pour former une société stable et cohérente qui a duré pendant des centaines d'années. Lorsque l’on observe l’état de la société occidentale, il n’est pas si difficile de s’imaginer qu’en s’en inspirant, il serait possible de fonder une société plus hétérogène et fonctionnelle que celle dans laquelle nous vivons désormais. Mais ce n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres.

Conclusion

Au final, l’important est de réaliser que notre monde prétendu de justice ne pourra jamais l’être vraiment, tant et aussi longtemps que nous accepterons que les enfants ne soient pas égaux à la naissance. Puisque nous semblons croire que nous sommes plus civilisés que jamais et que nous détenons les clés de la vraie manière de vivre, alors refusons que les enfants aient des opportunités différentes selon le milieu familial dans lequel ils sont nés. Seulement suite à cela pourrons-nous vraiment prétendre à commencer à vivre dans un monde juste.


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