Mobilisations sociales en France : le changement de garde

Mobilisations sociales en France : le changement de garde

En 2023, il est intéressant d’observer le phénomène des mobilisations sociales de plus près. Alors qu’on a tendance à imaginer la France comme un chaudron bouillant dont le liquide est toujours prêt à se renverser, la réalité est-elle vraiment ainsi ? Voici quelques observations qui permettent de mieux comprendre les mobilisations sociales, à l’époque des réseaux sociaux.

Les jeunes se mobilisent

Il y a longtemps que les jeunes n’ont pas été aussi motivés à manifester leur colère. Qu’est-ce qui les a enfin réunis ? Sauver la planète. Et pour ce faire, ils n’ont aucune honte à poser des gestes qui déplaisent aux adultes, par exemple, en jetant de la soupe Campbell sur les tableaux d’Andy Warhol. Lorsque l’on observe ces actions à tête reposée, on ne peut qu’en venir à un seul constat : les jeunes adultes sont retournées à la petite enfance. Cette époque où ils recrachaient leur nourriture aux visages de leurs parents, pour signifier leur colère. Et quelle est la réaction des gouvernants de France : il faut les laisser s’exprimer, ces pauvres enfants. Nous sommes loin d’une époque où la sécurité était primordiale à l’état et où les jeunes désiraient s’intégrer… 

Ce changement de garde s’est effectué grâce à des figures telles que Greta Thunberg. En 2019, la jeune militante Suédoise (appelons-la ainsi pour le bien de cet article) a déposé une plainte contre la France, ainsi que contre quatre autres pays, en affirmant qu'ils ne respectaient pas leurs engagements en faveur du climat. La France devait-elle vraiment se trouver dans les pays visés, ou Greta devrait-elle mieux étudier son sujet ? Peu importe la réponse, car au final, cela lui a permis d’être encore mieux connu sur le sol français. Aujourd’hui, les jeunes militants écologistes qui posent des actes d’incivilité dans les musées, ou encore s’assoient au milieu des grands boulevards pour fermer le trafic, se doivent d’être considérés comme faisant partie de ses descendants. Plutôt étrange, alors que la jeune fille n’a encore que vingt ans, mais c’est ainsi dans le nouveau monde connecté.

Il n’y a aucun doute possible, le futur des mobilisations sociales passe par cette nouvelle catégorie de jeunes qui veulent refaire le monde, selon leur vision. Rien n’est tabou pour eux. Ils contestent même l’incontestable (le sexe qui leur a été attribué à la naissance par la nature), et gare à ceux qui les contredisent, comme une certaine écrivaine anglaise, fameuse pour ses livres d’enfants, l’a appris à ses dépens. Ce sont même eux qui s’inquiètent du sort de l’âge de la retraite, en première ligne.

On est tout de même en droit de se demander pourquoi ils ne s’intéressent pas un peu plus à leur capacité de travailler. Mais si vous leur posez la question, vous verrez qu’ils sont très clairs sur le sujet : le travail ne représente pas une de leurs valeurs. Il faut donc s’attendre à voir des grandes confrontations dans les années à venir entre la jeunesse révolutionnaire, qui veut réviser le passé et modifier le futur, et les adultes conservateurs, qui n’ont aucun désir de faire face à nouveau à des perturbations qui leurs gâcheraient encore plus d’années de leur vie, alors que les trois dernières qu’ils viennent de souffrir leur suffit amplement.

Les syndicats en danger

On pourrait dire que ce n’est pas nouveau, mais la situation a tout de même quelque peu changé ces dernières années. Il faut retourner dans le passé, par plus de 50 ans, pour trouver un mouvement syndical puissant, dans la société française. Depuis les années 70, le nombre de personnes adhérant à un syndicat en France tourne autour de 10 % des travailleurs, tous confondus. C’est une donnée étrange puisqu’ils sont encore si visibles dans les mobilisations sociales. La raison est simple : les gouvernants et les syndicats dorment très bien ensemble, et ni l’un ni l’autre ne recherchent de nouveaux partenaires de dialogue. Pourtant, ceux-ci sont bel et bien en train de se créer.

On a assisté à des mouvements de grève très particuliers au cours des derniers mois. En effet, ces derniers étaient dirigés par de petits groupuscules, n’ayant strictement rien à faire avec les syndicats. Pourtant, on ne peut contester que leur pouvoir de frappe a été bien au-delà de celui des syndicats conventionnels. Il n’est donc pas interdit de penser qu’effectivement, des changements se dessinent à l’horizon, dans l’ordre des choses. Certainement pas si le pouvoir à son mot à dire, mais leur impact sur la société est lui aussi clairement en baisse. Est-ce que les décisions prises par les gouvernants en poste, face à la pandémie et la guerre pourraient expliquer cette défiance à l’égard des dirigeants ?

On assiste à un véritable remaniement de la mobilisation sociale en France. Il est probable que celui-ci ne soit plus, d’ores et déjà, réversible. En tous les cas, je garde un œil sur la situation afin de vous mettre à jour sur le sujet, si les événements prennent un tournant ou si le changement devait s’accroître considérablement.

-Simon Delamère

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