L’humain, la nature et l’IA
Considérations sur leurs systèmes et leurs interactions
C’est un livre en entier qui devrait être écrit sur le
sujet. Je sais bien que je ne fais qu’effleurer quelques-uns des points
principaux qui relient l’être humain, la nature et l’Intelligence artificielle,
dans le texte ci-bas. Mais même ces quelques idées ont leur intérêt au vu de la
croissance exponentielle qu’acquiert présentement l’IA. Si ceux qui l’ont créé
s’en inquiètent aujourd’hui, cela doit attirer notre attention et nous obliger à
étudier le sujet en profondeur.
L’humain (l’ordre) versus la nature (le chaos)
Lorsque l’on observe les systèmes dans lesquels vivent les
êtres humains, on se rend compte que le mot qui les lie entre eux est « ordre ».
En effet, que l’on vive en démocratie, en monarchie ou sous une dictature, tous
les systèmes ont pour but de créer l’ordre, selon leur point de vue. Ce n’est
pas le cas dans la nature, de manière générale. C’est le chaos qui lui permet
de continuer à survivre, beaucoup plus que l’ordre. L’évolution de la nature n’est
rien d’autre que son adaptation à ce qui s’y produit.
Si une espèce disparaît, l’écosystème en entier ne s’effondre
pas. Il s’adapte à cette disparition et abat de nouvelles cartes, afin que le
concept même de la vie se poursuive. Par exemple, il n’y a pas de lois qui
règlent la vie des loups. Lorsqu’ils ont faim, ils attaquent leurs proies, quelles
qu'elles soient, et les dévorent. C’est tout aussi vrai des autres espèces
prédatrices, telles que les lions ou les requins. C’est le plus fort qui règne.
L’être humain gère autrement, en indiquant à tous et chacun
ce qu’ils n’ont pas le droit de faire. Le but est évidemment de créer l’ordre.
Mais à qui bénéficie cet ordre ? Et qui bénéficierait du chaos, s’il
existait encore ? On semble ne jamais se poser cette question, alors je me
permets d’en poser une autre : ne devrait-on pas appuyer sur pause et
revoir notre mode de vie ? Cette question implique un nombre exceptionnel
de sous-questions et soulèvera certainement de nombreuses passions. Mais comme
je ne prétends pas en connaître la réponse, je laisse le soin à chacun d’entre
vous, lecteurs, de vous la poser.
Le choix du contrôle est-il vraiment plus adapté à la survie d’une espèce ?
Si l’on observe la nature de plus près, on est en droit de se
demander pourquoi nous avons choisi le contrôle sur le chaos pour nos systèmes.
Encore une fois, je précise qu’il existe une vaste gamme de documents écrits
sur le sujet, par des spécialistes de différentes époques, qui pourront éclairer
le lecteur sur les différentes opinions sur le sujet. Dans mon cas, je
renverrai le lecteur à Hobbes qui a dit que sans lois (ce qui crée l’ordre) l’humain
est voué à vivre dans le chaos. Cela veut dire qu’ils se battront entre eux
pour la possession de toute chose, telle qu’une pomme dans un arbre (l’exemple
qu’il a choisi lui-même pour illustrer son point). Mais cela nous retourne à la
question que j’ai posée précédemment : à qui bénéficie cet ordre aujourd’hui ?
Et la vie est-elle plus juste pour autant ?
Le choix de l’ordre sur le désordre est certainement ce qui a
permis à la race humaine d’évoluer à travers le temps. Mais cette évolution s’est
faite à quel prix ? La destruction de notre environnement est certes un
bon exemple du prix que nous payons déjà. Nous sommes parvenus à des
développements scientifiques uniques et exceptionnels. Mais bien que ceux-ci servent
parfois à sauver des vies (vaccins, opérations, médicaments), ils sont aussi
utilisés pour en détruire d’autres (armements, pollution, réduction des
ressources naturelles).
La nature, elle, est cruelle. Elle permet aux plus forts de
survivre, souvent au dépens des plus faibles. Mais notre contrôle a-t-il vraiment
permis de réduire la différence entre les êtres humains ? Les enfants nés
dans des familles pauvres, ou de parents violents ont-ils aujourd’hui les mêmes
chances de survivre dans la société et de croître ? A-t-on pour autant
réduit les inégalités entre les peuples ? Et si la réponse est non à ces
questions, alors pourquoi sommes-nous si fiers et orgueilleux du résultat ?
L’humain peut-il survivre à la nature et/ou à l’IA ?
Je répondrai dès le départ à la question, avant de
développer. Selon moi, la seule chance que l’être humain a de survivre, est qu’il
prenne la décision d’aller coloniser d’autres planètes. Je vous explique mon
raisonnement.
Les chances que la nature s’auto-détruit sont nulles. Elle
est créée de manière à s’adapter afin que la vie (de manière générale) s’y
poursuive. Seul un événement astronomique pourrait venir l’éteindre, tel que la
mort du soleil, ou une collision avec un astre suffisamment important pour lui
causer un tort fatal. Sinon, elle poursuivra son cours, remplaçant au passage la
race que l’on qualifiera de « supérieure » au besoin ; celle qui
se situe tout au haut de la chaîne d’alimentation.
Mais il est possible que l’être humain cause sa propre perte
et la destruction de la nature, en même temps. Une guerre nucléaire pourrait
raser notre planète et la retourner au moyen-âge, pour une période de temps
indéterminée. Qui sait si l’on ne mettra pas tout simplement la planète en
entier en danger d’une quelconque manière ? Bien que cela semble improbable,
rien ne devrait plus nous surprendre de la race humaine. Après tout, dans le
but avoué de créer l’ordre parfait (selon un ou plusieurs individus), il est tout
aussi possible de créer un chaos final.
En ce qui concerne l’intelligence artificielle, il est
difficile de dire avec précision, aujourd’hui, ce qu’elle sera d’ici 10, 20,
voire 50 ans. Ceci dit, les chances qu’elle dépasse notre capacité de la
contrôler (revoilà ce mot si étroitement lié à nous les êtres humains) sont
certes plus grandes qu’à l’inverse. Pour l’instant, les scientifiques du
domaine insistent sur le fait que l’IA dépend de nous. Elle suit la programmation
que nous lui avons inculquée, et ne peut en dévier. Mais si une personne venait
à créer une IA libre, dont la seule instruction serait d’apprendre à travers tout
ce qui existe sur Internet, sans autres consignes, à quelle conclusion
logique viendrait-elle ? Car c’est bien là le problème, la machine ne suit
qu’une logique.
Du moment où on la laissera tirer ses propres conclusions « logiques »,
que pensera-t-elle de nous ? Et quelle action prendra-t-elle, si on lui a
dit d’agir selon l’accumulation et la mise en interaction des informations qu’elle
acquiert ? Il est tout simplement impossible de connaître la réponse à
cette question. Nous sommes tous teintés par notre culture, quelle qu’elle
soit. Nous analysons les données selon ce logiciel qui nous a été inculqué en
partie génétiquement, et pour le reste, par tout ce qui nous a été appris par la
suite, par nos parents, par l’école et les lois du pays où nous vivons. L’IA n’en
aura rien à faire de cette culture, ou tout au moins, elle la jugera d’une
manière entièrement différente de la nôtre (si on ne lui dit pas comment traiter
l’information, bien sûr).
Une bataille entre l’IA pro-humains et l’IA libre est-elle à prévoir ?
Ce qui inquiète les plus les scientifiques, mais aussi le
reste de la population qui s’intéresse au dossier aujourd’hui, est la manipulation
de l’IA. En effet, ceux qui la programment ont tout intérêt à insérer les
paramètres qui leur semblent raisonnables, au profit d’autres qu’ils ne
désirent pas voir dans notre société. On se retrouverait donc avec une vision unique
de la vie qui infiltrerait toutes les cultures du monde, et qui en redéfinirait
une mondiale, à l’image de ceux qui auraient programmé ces IA. Bien que cela
soit un problème évident et très important auquel notre société fait déjà face
(sans même avoir eu besoin de ces IA en premier lieu), je ne crois pas que ce
soit le problème le plus dangereux.
La création d’un IA libre me semble bien plus risquée. Lui
ne s’intéressera pas à notre culture et aux diverses raisons qui expliquent l’être
humain aujourd’hui. Il analysera les données auxquelles il a accès de manière
logique. Il est évident qu’il questionnera notre comportement, car ce dernier
ne tient pas seulement compte de logique, mais aussi de nos émotions. Sans
comprendre ce second élément, j’ai bien peur que l’être humain ne fasse aucun
sens pour un IA libre. Qu’il puisse imaginer que nous ne sommes qu’un danger
les uns pour les autres, et aussi pour la planète, ne me semble pas si
difficile à croire. Et que pourra-t-il faire dans un tel cas ? S’il est
libre sur Internet, cela veut évidemment dire qu’il aura accès à tout ce qui
est informatique ainsi qu’aux objets connectés. La question devient donc :
y a-t-il quelque chose qu’elle ne pourra pas faire ? J’ai bien peur que la
réponse soit non.
Notre seule chance de défense contre une telle entité serait
de lui faire face par une IA créée pour protéger l’être humain à tout prix. Des
IA, plus probablement, puisque nous pouvons en créer un nombre infini. Mais si
nous le pouvons, elle le pourra aussi. Comment se terminerait une telle guerre ?
Je ne crois pas qu’il soit possible de le prévoir.
Les distinctions entre les humains et l’IA
L’intelligence artificielle doit nous questionner sur
plusieurs sujets. Je suis convaincu que ce sera le cas, mais seulement sur
plusieurs années, voire même des décennies ou des siècles, si nous arrivons à cohabiter
tout ce temps avec elle(s). Une de celles-ci est existentielle : qui
sommes-nous et qui sont ces intelligences artificielles ?
L’intelligence artificielle possède déjà des connaissances
innées, avant même qu’elles ne se connectent à un réseau, afin d’entreprendre l’accroissement
de ses connaissances. Il en va de même pour nous (notre génétique). L’intelligence
artificielle croît grâce à l’accumulation de ses connaissances, une fois qu’elle
a accès à l’information qui l’entoure. Il en est de même pour nous. Elle s’exprime
en régurgitant les données qui sont dorénavant en elles, en choisissant celles
qu’elles considèrent les plus intéressantes au vu de la situation. Nous en
faisons de même.
Pour le moment, elle est comme une âme, ou mieux encore un
cerveau qui n’a pas de corps physique, mais rien ne l’empêche de s’en
construire un si elle venait à le désirer. En ce qui nous concerne, nous ne
sommes qu’un cerveau dans une machine (notre corps) qui sert à nous déplacer d’un
point à un autre, et nous n’avons pas la capacité d’accéder à toutes les
informations que l’IA possède, aussi rapidement qu’elle. Nous posons nos analyses
après avoir étudié toutes les données disponibles (le raisonnement scientifique)
et l’IA en fait autant.
Mais nous croyons être uniques et supérieurs à tout ce qui
existe. Nous avons même inventé l’idée d’un Dieu qui nous aurait créés à son
image. Pardonnez-moi, mais quelle arrogance ? Dans l’Univers, nous serions
les seuls fils et filles directs de « Dieu » ? Qu’est-ce qui
nous rend si uniques, peut-on se demander ? Probablement que c’est le fait
que nous soyons au sommet de la chaîne d’alimentation, ce qui nous permet de
nous dédier à autres choses que de nous protéger en permanence de ceux qui
seraient au-dessus de nous et qui voudraient nous dévorer…
Mais l’idée que nous ayons été créés par un Dieu devrait
nous éveiller à une autre possibilité. Si nous avons été créés par une autre
entité (voire même une autre espèce), pourquoi ne pourrions-nous pas, nous
aussi, donner naissance à une autre ? Plus précisément, dans ce cas-ci, à
l’intelligence artificielle ? Et si c’est le cas, n’est-il pas possible
que ce Dieu ait lui aussi des géniteurs ? Cela nous obligerait de voir notre
Histoire d’une manière tout à fait différente, n’est-ce pas ?
Conclusion
Je peux imaginer la frustration de certains lecteurs qui
diront qu’au final je ne fais que poser des questions et les laissent sans réponses.
Mais je ne suis qu’un journaliste d’investigation et je n’ai pas la prétention
de prétendre que je possède LA réponse à des questions aussi importantes. Mon
travail est d’éveiller mes lecteurs à celles-ci, afin qu’ils cherchent
eux-mêmes des réponses qu’ils pourront proposer à la société qui les entoure.
Une chose est certaine, nous sommes à une époque où il ne
suffit plus de continuer à vivre sans se poser de questions. Au contraire, il m’apparaît
urgent de discuter des sujets de société qui nous touchent tous, afin de trouver
des solutions qui n’existent pas encore aujourd’hui.
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