Le monde politique est-il trop préoccupé par le présent ?
J’ai dû prendre quelques minutes pour bien choisir les termes utilisés dans mon sujet. Au départ, je songeais à élargir la question à nous tous, citoyens, avant de le réduire seulement aux hommes et aux femmes qui sont en charge de notre société. Au final, j’ai décidé de l’élargir quelque peu, car il serait selon moi erroné de ne pas inclure les médias qui ne font qu’amplifier cet état d’esprit. On doit naturellement se préoccuper du présent, mais en lui laissant toute le place, n’oublions nous pas de travailler sur les liens qui nous unissent ? Voici une analyse en réponse à cette question.
Les gouvernants ont-ils le temps de s’occuper de la vision future du pays ?
Le monde politique navigue de crise en crise. Il gère au
mieux ce qui se produit dans la société, selon les critères de base qui
gouverne le parti au pouvoir. Il est évident que des solutions doivent être
trouvées pour chaque problème qui surgit. Mais si cela est la tâche unique du
gouvernement (comme cela semble l’être dorénavant), ne doit-on pas alors créer
un autre organisme qui lui s’occuperait de maîtriser le destin futur du pays ?
Bien que je ne sois pas fervent de la multiplication des lois et des
restrictions, je pense tout de même que cette addition pourrait être très utile
pour donner une direction plus globale. Cet organisme aurait plus de recul que ceux
qui doivent réagir à chaque jour, sur des sujets qui affectent notre lien
global, mais qui ne tiennent jamais vraiment compte de cette partie de la
question.
Aujourd’hui, on parle des retraites parce qu’il manquera d’argent
dans les caisses à court terme. On parle d’immigrations parce que l’afflux des
migrants est de plus en plus ingérable. On parle de sécurité parce que l’ordre
peine à se maintenir sur le territoire. Mais chacune des décisions proposées et
prises affectent notre cohésion sociale future. Pourtant, on en parle rarement
et les gouvernants n’en tiennent que très peu compte, si ce n’est que pour calmer
le public le plus rapidement possible. C’est une observation de la réalité
beaucoup plus qu’un reproche, car je ne doute pas qu’il soit impossible de
prendre du recul lorsque l’on se trouve sur le terrain, tel que les hommes et
femmes politiques le sont. Mais cela ne change en rien le besoin pressant de se
mettre à la recherche d’un nouvel ordre social avant que tout ne dégénère.
Les médias sont-ils l’essence qui nourrit la flamme ?
Il est de plus en plus difficile de trouver un canal d’information
qui distribue les nouvelles du jour sans suggérer à son public de quelle
manière il se doit de les analyser et de les comprendre. Comme ceux-ci mettent
l’emphase sur les sujets d’actualité, et qu’ils peuvent insister sur un en
particulier pendant des jours et des jours, ils créent une tension dans la
société qui se met à exiger des réformes dans un sens ou dans l’autre, ce qui
force les politiques à agir dans l’urgence et trop souvent sans se préoccuper
de demain.
Dans les choix qu’ils font, les médias les plus importants
de France créent en quelque sorte un agenda politique dont les gouvernants
doivent s’occuper dans l’immédiat. Ce pouvoir d’influence que possèdent les
médias n’est pas négligeable, bien que le pouvoir politique ait son mot à dire
sur celui-ci. En effet, les médias disponibles sont limités, car tout média qui
viendrait suggérer un mode de vie alternatif jugé contre la République, la
démocratie et/ou l’Europe ne serait tout simplement pas alloué du temps d’antenne
avant d’être démantelé par le pouvoir politique en poste.
Sommes-nous passés à Defcon-2 en ce qui a trait à la survie du modèle actuel de notre société ?
En 2022, les Etats-Unis ont annoncé que l’Europe était passé
à un niveau Defcon-2 et l’Amérique à Defcon-3, en ce qui a trait au niveau de
préparation de combats. Notons que Defcon-1 est le plus élevé sur 5. Je n’entrerai
pas dans le sujet de la validité ou de l’intérêt qu’un pays puisse décréter ce
genre de situation à lui seul, car nous aurions besoin d’un article en entier
pour en faire l’analyse. Mais on peut utiliser cette situation pour faire un
paradoxe avec le lien qui unit notre société.
Lorsque tout va bien, les êtres humains ont tendance à
laisser aller les choses. Cela ne veut pas dire que certains groupes d’individus
ne déclarent pas leur mécontentement, dont on ne peut douter de la véracité. Mais
la masse, elle, s’endort et se laisse bercer par tous les divertissements qui
lui sont offerts, acceptant volontiers de se rendre au boulot et d’effectuer
leurs tâches sans trop se plaindre. Cependant, depuis plus de trois ans, notre
société est en déroute, face à des événements qui ont créé une division
profonde de notre pays, mais aussi du reste des sociétés occidentales.
Pourtant, les gouvernants repoussent l’idée même qu’il y ait
un problème. Pire encore, elle considère que ceux qui sont en désaccord avec
les décisions prises font désormais partie de la catégorie des « méchants »,
un geste infantilisant et agressant qui ne fait que créer une division encore
plus profonde.
Conclusion
Sans chercher des solutions qui nous permettrons de nous
réunir à nouveau, la situation pourrait s’aggraver et s’enflammer. Si les
gouvernants n’ont pas le temps de s’occuper de cette question, alors il faut
que d’autres le fassent à leur place. Tout au moins, les dirigeants pourraient
s’abstenir de jeter de l’huile sur le feu, et les médias pourraient aider en
tentant d’informer son public de manière plus large et peut-être un peu moins
partisane. Selon moi, affirmer que la cohésion de notre société a désormais atteint
le niveau Defcon-2, m’apparaît justifié.
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