Y a-t-il des sujets tabous ?
La liberté d’expression est un sujet qui est au cœur de l’actualité depuis quelques années. Alors que le consensus était plutôt du côté de ceux qui croyaient qu’elle était un des fondements de notre société, aujourd’hui, un grand nombre considère qu’elle n’existe pas vraiment et que seule la pensée majoritaire semble posséder le droit de s’exprimer. Pourtant, n’existait-il pas plus de sujets tabous auparavant, dont on s’abstenait de parler en public ?
Une réduction du nombre de sujets que l’on évite en société
Il est facile de croire que notre liberté d’expression est
brimée. Lorsque l’on écrit sa pensée sur un réseau social et qu’il nous bannit
pour une période de temps, cela tend à prouver la véracité de notre opinion. Et
lorsque les politiciens et les figures publiques fustigent les paroles des
autres, on assiste à ce que l’on croit être une sorte de censure de la liberté
de parole. Mais l’est-ce vraiment ?
En réalité, nous parlons plus ouvertement que jamais de
sujets qui peuvent fâcher. Et de manière générale, cela semble être accepté par
une grande majorité. On pourrait même aller jusqu’à affirmer que nous assistons
à une purge. Une partie de la population se sent mieux alors qu’elle regarde
les uns fustiger les autres. Par exemple, la vie privée ne regardait auparavant
que les parties impliquées et on se permet désormais d’entrer dans le monde
personnel de chacun pour critiquer leurs choix, voire même juger de leurs
actions, alors que l’on ne connaît qu’une infime partie de la réalité – celle que
les médias ont bien voulu mettre au premier plan. Tout y passe : les relations
amoureuses, sexuelles, la vie familiale… Et quand les artistes tels que Shakira
et Miley Cyrus affichent leur haine de leur ex en chanson, cela ne fait qu’attiser
encore plus la vigueur des haters.
Qu’en est-il de la politique ?
Il était improbable de parler de politique en famille à une
autre époque. Aujourd’hui, il est presque impossible de ne pas en parler. C’est
d’ailleurs un sujet qui divise de plus en plus, alors que les positions des uns
et des autres sont radicalement opposées. On peut déplorer que des divisions se
créent ainsi entre des personnes qui ont des liens profonds, mais qu’est-ce qui
a ouvert la porte à cette situation ? Il ne fait aucun doute que les
décisions des gouvernements ont exacerbé une partie de la population, au cours
des dernières années. Lorsque l’on parle de liberté d’expression, on peut affirmer
qu’elle a été grandement bafouée durant la crise du coronavirus, moment où la
division de la société s’est grandement accrue.
Aujourd’hui, le véritable problème politique n’est plus
entre les personnes, mais bien au sein même de ceux qui y travaillent. L’image
de discorde qu’ils offrent au peuple est un exemple « à ne pas suivre ».
Ceci dit, eux peuvent encore dire ce qu’ils pensent les uns des autres, et ce,
même crûment. Si un citoyen veut en faire autant pour leur président, il ne
bénéficiera alors d’aucune clémence. À une époque où on accepte à peu près tous
les commentaires les plus acerbes et cruels, cette situation est d’une
absurdité difficile à comprendre, qui ne fait qu’exacerber encore un peu plus
ceux qui décrient les politiques du pouvoir en place.
Les autres sujets délicats
Qu’en est-il des autres sujets considérés comme délicats
auparavant ? Commençons par la santé. Il était clair, avant l’arrivée du
coronavirus, que chacun avait le droit de conserver son dossier médical loin
des yeux des autres. Mais le passe sanitaire est venu détruire à tout jamais le
caractère sacré du dossier médical personnel, et l’on peut s’attendre à d’autres
dérives dans le futur.
Pour ce qui est de la religion, on peut se flageller sans
problème (il est d’ailleurs suggéré d’avouer tous ses péchés du passé), mais il
ne faut surtout pas dénoncer les dérives sectaires des autres religions ou le
caractère dangereux de celles-ci. Cela serait alors un blasphème impardonnable,
faisant de nous des parias.
Enfin, il faut traiter les préférences sexuelles avec des
pincettes, voire même s’abstenir d’en dire quoi que ce soit, si l’on ne veut
pas tomber sous la loupe des groupes de pression. Car si cela se produit, nous
serons alors persona non grata, sans possibilité de retour à la société par la
suite.
Conclusion
Aussi paradoxal que ce soit, force est d’admettre qu’il
existe moins de sujets tabous dans notre société, aujourd’hui. Cependant, le
fait de parler ouvertement de ceux-ci n’a fait que diviser encore plus notre société.
Existe-t-il des opinions considérées acceptables et d’autres
à taire ? Une vérité absolue qu’il ne faudrait pas contester ? Si l’on
regarde du côté de la politique et des groupes sociaux, il semble bien que ce
soit le cas. Mais le résultat final n’est certes pas celui désiré par les
forces qui soutiennent ce mouvement. Au contraire, ceux qui sont opposés à la
notion d’une seule vérité ont bien l’intention de démontrer que ce n’est pas le
cas.
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