À quel jeu joue la Chine ?
Alors que le regard du monde entier est tourné vers la bande de Gaza, de nombreux pays bénéficient d’une visibilité réduite leur permettant d’avancer leurs pions sur l’échiquier mondial. C’est le cas de la Chine qui a certainement exploité la guerre en Ukraine afin de se distancer de l’Occident et qui désormais se remet à discuter avec celui-ci à travers différents partenaires. Par une reprise des pourparlers avec l’Amérique et une invitation de partenariat durable à l’Australie, quels messages le leader mondial tente-t-il de faire passer. Regard sur un pays convaincu que son destin le mènera au sommet de l’échiquier politique.
Le pouvoir de la stabilité
On devient un meilleur joueur lorsque l’on gagne en
expérience, et ce, peu importe le sport que l’on pratique. Les régimes
politiques possèdent tous des avantages et leurs défauts, mais il est évident
que les dirigeants chinois détiennent un bénéfice majeur sur les pays de
l’occident : la stabilité. Alors que les autres voient leur gouvernement se
modifier régulièrement, ainsi que la vision du futur du pays, la Chine, elle,
conserve ses leaders ainsi que son plan d’action sur le court, moyen et
long-terme. De plus, ceux qui y sont au pouvoir savent adapter leurs objectifs
et comment parvenir à ceux-ci, ce qu’ils font d’ailleurs à merveille.
Cette stabilité offre à la Chine une expérience accrue
qu’ont acquise les individus aux postes clé, de manière incontestable. En
occident, il est impossible de se doter d’un gouvernement possédant autant
d’expérience que celui-ci. De plus, on s’y retrouve souvent à contre-emploi,
lorsque des personnes qui ne possèdent pas les capacités pour gouverner sont
tout de même élues à des postes hauts gradés. La Chine bénéficie de cette
faiblesse, car elle peut se permettre d’attendre que les gouvernements changent
dans les pays, afin de regagner la confiance de nouveaux interlocuteurs.
Créer la confusion
Un des objectifs probables de la Chine est de laisser planer
des doutes sur ses véritables objectifs. Ce pays, désire-t-il aller en guerre
ou plutôt cherche-t-il à assurer une hégémonie économique en s’alliant aux
autres pays, au lieu de les combattre ? En laissant planer un épais brouillard
sur son plan d’action, la Chine cherche peut-être à éviter tout conflit
frontal, tout en positionnant ses pions sur l’échiquier aux yeux de tous, mais
sans toutefois créer de remous. En ne s’installant jamais fermement, il est
difficile de lui reprocher quoi que ce soit. On se retrouve ici face à la même
stratégie qu’emploie depuis les dernières élections Marine le Pen, où se taire
rapporte plus que de déclarer sa vraie lecture des événements.
Il est possible, voire même probable, que les conflits qui
se jouent présentement ici et là autour de notre planète bénéficient à la
Chine. On pourrait même aller jusqu’à proposer qu’elle les ait invités, d’une
manière ou d’une autre, afin de tester la solidité de l’occident et de mieux
comprendre quelles cartes elle devait mettre sur table à ce moment de
l’histoire – sans jamais entièrement dévoiler le contenu de celles qu’elle
tient en mains, bien sûr. En conservant la confusion, elle permet à tous les partis
avec qui elle discute de conserver l’espoir. L’espoir que la Chine n’ira pas en
guerre (l’occident) ou qu’elle finira par s’en mêler (la Russie). L’espoir que
la Chine se concentrera sur l’économie en privilégiant ses partenaires
occidentaux (l’occident) ou qu’elle se concentrera sur ses nouveaux partenaires
(BRICS). En d’autres mots, personne ne veut froisser la Chine, dans le but
qu’elle finisse par choisir leur parti, et ce, peu importe quel sujet cela
concerne.
Opposer les partis (même leurs alliés)
Il est probable que la Chine n’ait qu’un seul objectif :
celui de diriger le monde entier. Et seul de surcroît. Comment peut-elle
parvenir à cet exploit ? En opposant tous les partis à qui elle fait face,
selon ses besoins du moment. Elle peut donc ainsi utiliser la Russie pour
mettre à jour les faiblesses de l’occident, et laisser les pays musulmans
affliger des défaites à leurs opposants économiques, tout en se retournant vers
les pays qui perdent de leur pouvoir et en leur offrant de nouveaux partenariats.
C’est certainement la stratégie la plus efficace de la Chine, car elle s’assure
ainsi de toujours se maintenir au sommet.
Puisque son pouvoir est incontestable, tous désirent voir ce
territoire gigantesque et sa population se positionner à leurs côtés.
Cependant, il ne faut surtout pas se leurrer : la Chine n’est que du côté de la
Chine et elle ne changera jamais. Surtout qu’elle a tout le temps devant elle,
n’étant pas pressé par ceux qui la gouvernent (du moins, beaucoup moins que
pour les pays de l’occident qui vivent au rythme des changements de leurs
dirigeants).
Conclusion
À quel jeu joue la Chine ? À celui de la conquête du pouvoir
global. Pour y arriver, elle n’aura pas besoin de conquérir le monde entier ;
seulement de mettre à genoux tous les dirigeants, afin de mieux leur faire
comprendre que sans elle, ils ne sauraient exister.
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