Les sondages sont-ils bénéfiques ou néfastes ?

À tous les jours, les médias offrent à leur public un nouveau sondage sur les sujets importants de société. Doit-on faire un référendum sur l’immigration ? Les français sont-ils pour ou contre l’uniforme à l’école ? Doit-on rendre le service militaire obligatoire ? Et tant d’autres… Mais que doit-on penser de ces sondages constants ? Reflètent-ils une réalité ou servent-ils à manipuler la masse ? Regard sur un sujet qui peut sembler léger, mais qui pourtant ne l’est pas.

Des sondages à but précis

La première question que l’on doit se poser est : qui commande ces sondages ? C’est la seule façon de comprendre l’objectif visé. Aujourd’hui, grâce à Internet, il est beaucoup moins coûteux de sonder un public. Mais cela rend le sondage bien moins réaliste, puisque les répondants sont plus ou moins tous d’un avis similaire, alors qu’ils visitent le même site d’information. Il est donc crucial de juger des résultats d’un sondage selon le groupe qui en a fait la commande ou qui l’a compilé par lui-même. La même question posée par un groupe d’information dont le public est plus à droite, obtiendrait des résultats bien différents s’il était effectué sur un site où le public est de gauche. Et c’est bien là où le bât blesse…

On peut aisément prétendre que ces sondages ne cherchent qu’à prouver une opinion par ceux qui ont décidé de poser la question au public en premier lieu. C’est une manière de dire : vous voyez bien que c’est cela que les Français désirent. Mais ce n’est pas nécessairement vrai. Malheureusement, cela ne manque pas de renforcer la position de ceux qui y voient une réalité, ce qui exacerbe encore plus les tensions entre les différents groupes sociaux dans le pays. Comme la majorité des personnes n’ont pas le temps (ou ne le prenne pas) de digérer l’information au lieu de l’avaler telle quelle, on peut certainement dire que les sondages sont majoritairement créés à des fins de propagande.

Une majorité très, très relative

Lorsqu’un sondage donne une majorité de 2 pour 1 (65 % vs 35 %), peut -on clairement affirmer que c’est ce que désirent « les » Français ? La population française d’aujourd’hui est composée de près de 68 millions d’individus. Si l’on traduit le compte en chiffres réels, cela veut dire que près de 24 millions de personnes en France s’opposent à l’opinion de la majorité. Alors que nos sociétés occidentales se sont tournées vers le chacun pour soi depuis de nombreuses années, et la mise en avant des différences, est-il encore possible pour ces 24 millions de personnes d’accepter le choix de la majorité ? Particulièrement sur des questions qui affectent la liberté des gens et leur droit d’expression, par exemple. Cela me semble de plus en plus difficile. Et à observer comment la culture du pays se modifie depuis quelques années, ainsi que la tendance croissante aux conflits entre générations, mouvements de pensée et autres éléments clé qui différencient les groupes les uns des autres, imaginer que le seul fait d’affirmer qu’un groupe est majoritaire sur l’autre ne suffira bientôt plus.

En réalité, le résultat est encore une fois l’exacerbation des positions. Chaque camp se retranche encore plus profondément dans son mode de pensée. Les majoritaires criant haut et fort qu’ils ont raison et les minoritaires réaffirmant qu’ils ont le droit à la différence, soit par les paroles ou par les actes qui sont d’ailleurs de plus en plus fréquents. De plus, en englobant tout le monde dans deux groupes indistincts (sinon du fait qu’ils sont pour ou contre une proposition), on ne distingue pas la réalité qui se cache derrière ces sondages. Les jeunes veulent-ils l’opposé de leurs aînés ? Les riches ont-ils une vision contraire de celles des plus pauvres ? En jetant uniquement deux chiffres à la vue de ceux qui regardent, lisent ou écoutent des sites d’information, on peut facilement jeter de l’huile sur le feu sans offrir la moindre solution pour l’éteindre si celui-ci s’embrase par la suite, en conséquence.

Les dirigeants ne respectent pas la volonté du peuple

Si l’on retrouve autant de sondages, c’est en premier lieu pour indiquer ce que désire le peuple français (ce qui n’est toutefois pas vraiment le cas comme je l’ai démontré précédemment). Le gouvernement est donc celui qui est visé. C’est à lui que les médias s’adressent d’une manière contournée. Ils lui disent : voyez, Monsieur le Président, que vos ouailles sont en désaccord avec votre politique ! Assemblée : écoutez la volonté de vos citoyens ! Et pourtant, ça ne sert strictement à rien.

Depuis qu’il y a eu un le référendum sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe, en France, en 2005, tous ont compris que la volonté du peuple ne veut absolument rien dire. Bien que 54 % des votants s’y sont opposés, les dirigeants de l’époque en France ont tout de même signé le traité. Alors, si un « sondage » ayant une valeur légale n’est pas respecté, que valent donc tous les autres ? Aux yeux des gouvernants, ils sont absolument nuls.

Conclusion

Lorsque l’on s’attarde sur le sujet, on peut observer que les sondages comportent en réalité plus de risques que de bénéfices pour la société. Mais comme les groupes d’information adorent se faire plaisir à eux-mêmes, en tentant de démontrer qu’ils ont raison de diffuser l’information qu’ils ont pertinemment choisie, ils ne sont donc pas près de disparaître de sitôt !

 

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